Avez-vous entendu parlé de la caecotrophie ? Le lapin appartient à la famille des lagomorphes, trop souvent associé à tort aux rongeurs. Le foin constitue son alimentation principale qui doit être complétée par des granulés ou des mélanges équilibrés adaptés à sa race. Il a donc besoin d’une source de fibres, protéines et vitamines pour stimuler son transit intestinal et rester en bonne santé. Par ailleurs, le foin lui permet d’user naturellement ses incisives qui ne cessent de pousser.
Le régime herbivore du lapin l’oblige donc à se procurer une grande quantité de fibres végétales qui une fois assimilées par l’organisme vont se charger en protéines, vitamines et minéraux. Une partie des excréments sera évacuée sous la forme de crottes sèches et l’autre partie en petits caecotrophes enrichis en nutriments. Si les crottes sont généralement des déchets pour les êtres vivants, les caecotrophes demeurent un nutriment essentiel dans la nourriture du lapin qu’il mange dès l’âge de 3 mois. Il comblent ainsi une carence alimentaire vu qu'il ne se nourrit que de fibres et végétaux. Zoom sur la "sekotrofi" prononcé phonétiquement, loin d’être une catastrophe ;-)
Pour comprendre ce qu’est la caecotrophie chez le lapin, il faut se pencher sur l’appareil digestif de l’animal. Si vous êtes propriétaire d’un lapin, vous avez remarqué que celui-ci produit une grande quantité de crottes, à savoir, 350 crottes par jour en moyenne. Qui dit mieux ? Il en existe deux sortes :
L’estomac du lapin est volumineux et contient un gros intestin développé composé du caecum (responsable de crottes dures le jour et molles la nuit) et du côlon. L’intestin grêle quant à lui, est long et fin. Cette cavité abdominale est une véritable usine à gaz qui fonctionne en continu, évacuant à la fois les déchets absorbés par l’animal et les aliments nutritifs issus de fibres et de muqueuses.
Le lapin mange uniquement les caecotrophes, ce qui caractérise un comportement normal et courant. Il ne faut pas s’inquiéter de ce réflexe quotidien qui fait écho à la coprophagie chez un chien. Cet autre phénomène correspond à l’ingestion de ses excréments uniques caractérisant un trouble du comportement.
La production de caecotrophes permet au lapin de combler certaines carences alimentaires en raison d’une alimentation essentiellement à base de fibres végétales. Fermentées, digérées et reformulées par l’appareil digestif, elles forment un excellent nutriment riche en vitamine B, protéines et acides aminés.
Vous devez vous alarmer sur l’état de santé de votre lapin lorsqu'il arrête de manger ou qu’il ne fait plus de crottes. Un cage propre et un bac à litière non souillé sont des signes distinctifs faciles à repérer. Le niveau du foin dans le râtelier ne baisse pas, de même que sa gamelle reste pleine. Là, il est évident que quelque chose ne va pas.
L’obésité, le stress et la maladie sont des facteurs d’urgence qui doivent vous alerter sur la santé de votre lapin. N’hésitez pas à consulter un vétérinaire pour recueillir son avis professionnel.
L'embonpoint ou le surpoids d’un lapin peut vite dégénérer en obésité sévère. Si tel est le cas, il faut revoir absolument la qualité et la quantité de sa nourriture. Stoppez les friandises et donnez-lui uniquement de la verdure et quelques granulés complémentaires en petites doses (sans dépasser 50 grammes par jour). Un lapin obèse éprouve de grosses difficultés pour se retourner et manger ses propres crottes. Pour information, il ne mangera pas les crottes du voisin.
D’origine extérieure, le stress du lapin peut impacter son comportement et modifier sa façon de s’alimenter. Une cohabitation difficile avec ses congénères ou un autre animal de compagnie, un environnement anxiogène, une absence de sevrage peuvent handicaper le lapin dans sa vie courante et l’empêcher de manger ses crottes. L’adaptation, la patience et le réconfort l’aideront à se sentir mieux et il se remettra instinctivement à manger ses caecotrophes.
Certaines pathologies douloureuses et inflammatoires influencent le lapin, notamment le senior qui ne retrouve plus son élasticité et sa souplesse pour chercher ses crottes à son derrière. S’il souffre d’une colibacillose, il cesse de manger ses caecotrophes non fermentées. Enfin, un lapin en convalescence aura tendance à ne plus pouvoir manger ses crottes, à vous de l’aider et de lui présenter à condition qu’elles ne traînent pas trop longtemps par terre au risque de dégager une mauvaise odeur.
Le mot d’ordre est la stimulation du transit de votre lapin. Pour ce faire, il faut lui mettre à disposition une alimentation saine et équilibrée comme le foin vert, de l’herbe, des légumes et quelques fruits sans pesticides, sans oublier de l’eau fraîche.
La caecotrophie compense les carences alimentaires chez le lapin qui mange ses crottes. Vous voilà rassuré et satisfait de la bonne santé de votre boule de poils. Un lapin en bonne santé ne laissera pas dans sa cage ses caecotrophes ou alors exceptionnellement. Il a été surpris ou coupé dans son élan, d’où l’importance de ne pas le déranger à ce moment-là.